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Critique du film : The Taste of Rice Flowers 米花之味 de Song Pengfei

The Taste of Rice Flowers, ou la contemplation du microcosme familial entre folklore et technologies

Avec The Taste of Rice Flowers, en chinois 米花之味,Song Pengfei se lance dans la description d’un fait social bien connu en Chine, celui des enfants « délaissés » par leur parents, partis travailler à la ville. Dans son film précédent, Undergroud Fragrance, le réalisateur dépeignait la vie de ruraux se confrontant aux difficultés de la ville. Dans 米花之味, c’est le moment du retour à la campagne natale, qui est au cœur de l’histoire.

Après des années de travail à la ville, Ye de la minorité des Dai, rentre dans son village natal à la frontière sino-birmane, dans le Yunnan. Cependant, la route pour reconstruire sa relation avec sa fille, Nan Hang, ayant grandi seule auprès de son grand-père, est semée d’embûches. Un jour, la petite fille est arrêtée pour avoir volé de l'argent au temple avec son amie. La position de la mère et les méthodes d’éducation sont remises en question. Alors que l’amie de Nan Hang tombe malade, Ye Nan redouble d’effort pour reprendre le contrôle sur sa fille. Au même moment, il est question de l’arrivée d’un aéroport près du village…

Le fait social est ici abordé à travers la vie d’une femme, Ye Nan, dont l’enfant est devenue, comme tous les enfants « laissés en arrière », rétive et difficile. Étant élevée seulement par son grand-père, son éducation ne semble pas convenir à sa mère à son retour. Tout le film tourne autour de cette relation mère-fille complexe et de cet aspect binaire, une juxtaposition entre modernité et tradition. L’excitation du village avec l’arrivée d’un nouvel aéroport face à des retrouvailles mère-fille qui opèrent un retour vers le passé. On aura plusieurs scènes où les enfants sont tous assis devant un temple et jouent aux jeux-vidéo, car c’est le seul endroit où ils ont de la wi-fi. Les téléphones et jeux-vidéo côtoient les couleurs chaleureuses du bois des maisons, la végétation et les costumes traditionnels. L’aspect religieux est également central dans le film. On nous fait réfléchir à la place de la religion en Chine. On se pose la question du lien entre jeunesse et religion. Le vol au temple, la naïveté de l’enfance et l’impératif de dévotion s’entremêlent.

Le personnage principal de ce film c’est peut-être finalement le paysage. L’histoire est nimbée dans les couleurs et les lumières naturelles du Yunnan, qui sont filmées en grand angle. Le tout sans excès folkloriques et toujours avec cette juxtaposition. Les signes de modernité poussent ça et là au milieu d’une nature exubérante.

On découvre une distance discrète dans ce film. Les sentiments sont retenus, il n’y a pas de débordements et peu de gros plans sur les visages des acteurs. L’actrice qui incarne Ya Nan, Ying Ze et qui avait déjà tourné dans Underground Fragrance, fait preuve d’un beau jeu d’acteur. L’émotion est presque fugace. Néanmoins, on aurait peut-être voulu en découvrir plus sur les sentiments de la jeune Nan Hang pour mieux saisir la condition de ces enfants délaissés, mais le film reste discret.

Enfin, ce qu’on apprécie c’est l’humour que Song Peng Fei introduit minutieusement dans son film. Il joue avec les mots, tourne en dérision quelques scènes. Par exemple le moment ou la jeune Nan Hang croit que sa mère a quitté sa chambre et reprend son téléphone portable, que celle-ci venait de lui demander d’éteindre, pour y jouer, alors que celle-ci a feint de la quitter et est assise juste à côté d’elle.

Ce film s’inscrit, sans nul doute, dans la continuité du précédent, et tente une fois de plus de nous éclairer sur des faits sociaux complexe. Finalement il apporte une légère vague d’espoir pour cette génération d’enfants et celle des parents.

The taste of rice flowers – 米花之味- Song Pengfei – 2018 – Diffusé au FICA

Carla Zarcone


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